lundi 19 juin 2017

Le Président des Producteurs du Bénin se prononce

Entretien avec Athanase AGUIYA, Président de la Fédération des Unions des Producteurs du Bénin (FUPRO-Bénin).


"Je place mon mandat sous le signe de la continuité et de la valorisation des acquis"



Athanase AGUIYA, Pdt de la FUPRO-Bénin
Quelques mois après sa prise de fonction, Athanase AGUIYA, Président de la FUPRO-Bénin, s'est confié à votre billétiste.



*Bonjour monsieur le président*


Bonjour monsieur le journaliste

*Vous voudriez bien vous présenter à nos lecteurs*

On m'appelle Athanase AGUIYA, exploitant agricole à Comé dans département du Mono. Président de la Fédération des Unions des Producteurs du Bénin (FUPRO-Bénin)


*Parlez-nous un peu de votre parcours*


Je cultive du riz, du mais je fais du maraîchage, du halieutique et de palmier à huile. J'ai créé ma propre ferme en septembre 1998 avec une superficie d' un hectare et aujourd'hui par l'application de conseil à l'exploitation financé par L'Agence française de développement, j'exploite aujourd'hui 47 hectares.
J'ai commencé à travailler dans les organisations paysannes en 2000 en tant que Secrétaire général de l'Union sous - préfectorale des producteurs de Comé (USPP Comé). Après 7 ans de gestion à la tête de cette union, j'ai été promu au poste de Secrétaire général de l'Union Régionale des producteurs du Mono /Couffo après la réforme aux seins des OP (Organisations des producteurs). Après 6 ans de gestion à la tête de cette structure, j'ai été élu président de la même structure en 2013 et en même temps élu vice -président de la Fédération des unions de producteurs du Bénin (FUPRO -Bénin). Après 3 ans 7 mois passé à la tête de cette structure Régionale, j'ai été élu président de la Fédération des unions de producteurs du Bénin ( FUPRO BENIN) le 9 février 2017 pour un mandat de trois ans renouvelable.  Je ne peux que remercier les producteurs pour cette confiance .


*Sous quel signe placez-vous votre mandat ?*


Je place mon mandat sous le signe de la continuité et de la valorisation des acquis du réseau. En effet, nous comptons poursuivre l’œuvre entamée depuis la vingtaine d’années de vie de notre organisation tout en donnant place à l’innovation et à la différence. Ce qui est bien fait sera consolidé et valorisé. Autrement, ce qui reste à parfaire sera abordé suivant une approche intégrée de solution aux problèmes.


*Quelle est le véritable rôle de votre organisation dans le développement du Bénin ?*


La FUPRO est  l'institution *faitière* des organisations des professionnels agricoles. En tant que telle, elle assure et veille l'implication des professionnels agricoles à la bonne gouvernance du secteur. Elle œuvre aux côtés de l’Etat à la mise en œuvre des politiques agricoles définies par l’Etat tout en veillant à la bonne participation des différentes couches des professionnels (femmes, jeunes, petits agriculteurs et gros exploitants, etc.). 


*Quelles sont vos activités ?*


De façon spécifique, quatre (4) chantiers sont couverts :
1-La représentation et la défense des intérêts des producteurs et productrices agricoles

2- La promotion des organisations membres du réseau

3-La fourniture de services économiques et non économiques aux membres notamment accès aux intrants et aux marchés, l’accès au financement agricole, la structuration des filières/acteurs, l’accès aux innovations dans le secteur, le conseil agricole, les formations…
4-La communication qui reste un outil transversal à tout ce qui est fait dans le réseau. Elle est interne et externe et touche globalement à tous les champs (compte rendu aux membres, partage d’information sur le marché, sur les innovations dans le secteur, … avec un site web très dynamique)
*L’organisation pour laquelle vous êtes le premier responsable compte combien de membres ?*


La FUPRO compte 22 organisations, 12 organisations de type territorial qui sont les Unions départementales de producteurs, 08 organisations de type filière qui sont des faîtières nationales spécifiques filières ou spéculations et 02 organisations de type spécifique genre, dont l’une est la faîtière nationale des femmes agricultrices et l’autre la faîtière nationale des jeunes agriculteurs.


*Où se trouve le siège de votre Fédération ?*


Le siège de la FUPRO est à Bohicon, au quartier Honmèho, entièrement construit sur fonds propres.


*Comment fonctionne votre organisation ?*


La FUPRO fonctionne sur fonds propres, mobilisés chaque année à travers les cotisations des membres et les bénéfices issus des services économiques (vente de semences et engrais et la commercialisation des produits agricoles du réseau. Ces ressources mobilisées restent faibles. La grande partie des ressources de fonctionnement provient des subventions des partenaires techniques et financiers intervenant dans le réseau. Ils apportent des financements directs à la FUPRO ou aux organisations membres vue le caractère d’utilité publique de la mission du réseau.


*Comment arrivez-vous à coupler votre rôle de Président et vos activités (agricoles) surtout ?*


Merci Monsieur, vous venez de poser une question très importante. Le travail dont nous avons la charge est une mission sacerdotale. Du moment où le réseau identifie un certain leadership en vous et tous les membres vous portent, vous n’avez pas d’autre choix que d’accepter assurer cette fonction qui vous oblige à revoir le mécanisme de pilotage de votre exploitation qui pourrait se retrouver à des centaines de kilomètres du siège. La présence à l’un ou l’autre endroit à un certain moment vous oblige à cultiver la délégation de pouvoir : vous déléguer parfois le pilotage de votre exploitation aux autres membres de l’exploitation ou de la même façon vous responsabilisez le personnel recruté ou les autres collègues pour certaines tâches. Tout le grand bonheur tiré reste la satisfaction personnelle de servir ses pairs et de voir grandir le mouvement paysan ainsi que la levée des goulots d’étranglement pour la professionnalisation et l’accroissement du revenu des acteurs, voire du développement du pays.


*Comment voyez-vous le développement du Bénin dans les prochaines années ?*


Le développement du Bénin ne pourra s’opérer sans le développement agricole et ça, tous les différents gouvernements qui se sont succédé l’ont bien compris. Ce qui reste le grand défi est la durabilité dans les choix de développement agricole opérés. Nous devons aujourd’hui aller vite. La clé est trouvée la promotion des filières agricoles. Et cette approche de régionalisation de la production agricole donne encore plus de chance à la promotion des filières. Les dynamiques  territoriales observées avec les caractéristiques des différentes zones agro -écologiques font hisser certaines filières qui bénéficient aujourd’hui d’attention particulière à l’instant des filières traditionnelles qui recevaient plus toute l’attention. Le second défi à relever est le développement des chaînes de valeurs à l’intérieur de ces filières. Ainsi devrons nous ériger des industries agroalimentaires qui transforment et créent plus de richesses au pays. Enfin, l’Etat central doit non seulement étudier les segments de marchés, mais aussi asseoir une politique d’incitation à la mise en marché national, sous régional et international des produits agricoles et de leurs dérivés (taxes, fonds de soutien, accès au financement/crédits, les questions d’emballages, les questions de normes et qualité/certification, les subventions aux acteurs, etc.).


*Quels sont alors vos rapports avec les Elus locaux ?*


Les rapports ne sont pas totalement au beau fixe, mais s’améliorent davantage. Dans certaines communes, l’idéal souhaité est approché. Les producteurs agricoles sont des acteurs économiques, des communes et contribuent énormément à l’économie locale. C’est pourquoi non seulement les producteurs agricoles sont leurs administrés, mais aussi en même temps leurs partenaires. Le rapprochement régulier et l’accession de plus en plus fréquente des producteurs agricoles aux fonctions d’Elu local améliorent davantage les rapports. Les unions communales sont plus impliquées dans les questions de développement agricole des communes. Certaines communes sont ouvertes aux doléances des acteurs et on assiste au reversement d’une bonne partie des revenus d’origine agricole de la Mairie (TDL en l’occurrence) dans des subventions activités et investissements au profit de l’agriculture (plants, ateliers de transformation, tracteurs, etc.).


*Et en ce qui concerne vos rapports avec l’Etat central ?*


L’Etat central reconnaît la place des organisations des professionnels agricoles dans la gouvernance du secteur, même si dans les actes des efforts restent à faire. Nous sommes associer aux réflexions de mise au point des documents de politiques dans le secteur. Cependant, dans la mise en œuvre, la place que nous occupons pourrait être revue si nous voulons plus d’efficacité et d’efficience. Nous disposons de salariés qui ont fait les mêmes écoles que ceux embauchés par l’Etat. La logique d’efficience et de rigueur dans le secteur privé pouvait amener l’Etat à faire plus confiance aux OP et à les responsabiliser davantage dans la maîtrise d’œuvre, surtout en ce qui concerne les fonctions dites partagées. Enfin la dernière dimension qui force à améliorer davantage nos rapports avec l’Etat central est le fait que la FUPRO revêt une structure d’utilité publique à ce titre, nous nous attendons à des appuis réguliers de l’Etat pour mieux assurer notre mission de professionnalisation des acteurs et de leurs organisations pour une meilleure promotion des filières qui seront plus performantes, compétitives et créatrices d’emplois durables et de richesses pour toute la nation.


*Avez-vous quelque chose à ajouter ?*


C’est peut-être le lieu de remercier tous les PTF qui ne cessent de croire que des OP renforcées et formées conduiront indubitablement au développement du secteur et poursuivent ainsi leurs appuis divers. Chers PTF vous constatez des efforts se font dans nos rangs ; nous garantissons toute notre disponibilité à apprendre pour valoriser davantage vos aides au secteur et la promotion des organisations professionnelles agricoles plus efficaces et mieux gouvernées.


*A bientôt monsieur le président.*


Merci monsieur le journaliste et à bientôt


Propos recueillis par Victor NONGNI

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