mercredi 16 octobre 2019

Benin/L'enfer à 55 km de Parakou


 ENQUÊTES/BÉNIN
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Maternité de WARI MARO (Commune de TCHAOUROU)

L'ENFER À 55 KM DE PARAKOU

Le cri strident d'un nouveau-né traverse le silence nocturne et parvient à nos oreilles. Bienvenues à la maternité de Wari Maro, l'enfer sur terre.

Commune de Tchaourou. Il est 20 heures. Le chant de quelques rares oiseaux noctambules riment avec le sifflement ininterrompu des cigales. L'obscurité dans laquelle est plongée la maternité de Wari Maro à 70 km de Tchaourou est indescriptible. La sage-femme (infirmière ici), entourée de ses trois autres compagnons d'infortune, ne savait plus où donner la tête. La situation devient critique. L'accouchement de cette dame venue un peu tard dans cette maternité présente des incertitudes. Pas parce que la grossesse était à risques, mais tout simplement parce que tout va se passer encore dans le noir. Il en est toujours ainsi lorsque des cas urgents arrivent à la tombée de la nuit. Le personnel dans ces conditions, craint plus les conditions de travail que la vie du patient.

Sous la lueur imperceptible d'une détestable lampe, la sage-femme travaille. Car à Wari Maro, l'électricité n'est qu'un rêve. Pourtant, nous sommes à 70 km de Tchaourou. Encastrées ainsi entre deux pôles de développement, les populations de Wari Maro vivent l'enfer au quotidien avec une maternité totalement plongée dans le noir après les dernières lueurs du soleil.

Le jour là, arrivés à Parakou, nous prîmes un Taxi-moto pour avaler les 55 km qui sépare la Cité des Kobourou de Wari Maro. «C'est mieux de prendre par là », me souffle mon compagnon. « Car, ici c'est bitumé, mais par Tchaourou, c'est de la poussière sur 70 km», conclut-il. Il sonnait 19 heures lorsque nous arrivâmes à Wari Maro. A l'approche du village, les derniers rayons du soleil qui filtraient à travers les dentelures des nuages, transposés sur ce paysage féerique typique à la région septentrionale contraste avec l'enfer au bout de la route.

Wari Maro ne mérite pas ce sort. Aucun village béninois d'ailleurs ne le mérite au XXIème siècle. Car les poteaux électriques qui se sont arrêtés à 19km de ce village de plusieurs centaines de personnes, dénotent du mépris des autorités étatiques et celles de la localité qui ne sont pas des moindres. Le maire de Tchaourou, Bio Sounou Bouko, le DG ONASA Irénée ABOUDOU et l'ancien chef de l'Etat Boni Yayi qui sont de la région, n'ont pu rien pour cette maternité où 30 bébés au moins voient le jour par mois dans cet enfer.

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Romiko Victor Nongni, du retour de Wari Maro

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