vendredi 28 juillet 2017

Le bourbier du ministre Lucien Kocou. Les élèves béninois réclament leurs cartes d'identité scolaire.

Enseignement secondaire au Bénin

Le bourbier du ministre Lucien Kocou

(Gestion hasardeuse, vague de décisions conservatoires)

De la confection des cartes d’identité scolaires à la suspension du recrutement des vacataires sans oublier la surenchère intempestive sur les primes des PP et AE, le ministre Kocou et son cabinet creusent et approfondissent paisiblement la tombe déjà assez béante de l’enseignement secondaire au Bénin.

Mettons de côté les résultats flatteurs au Bepc et au Bac de cette année scolaire. Il ne peut en être autrement quand on sait que l’obtention du Brevet d’études du premier cycle fait office de passeport pour aller en seconde. Mais derrière cet échafaudage de pourcentages enchevêtrés aux confins de la jouissance béate se dissimulent des failles et autres incompétences notoires.

1-De la confection des cartes d’identité scolaire.

Savez-vous que jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse (fin de l’année académique (2016(2017), près de la moitié des élèves béninois n’ont pas reçu leur carte d’identité scolaire ?
Ne vous demandez pas ce qui concerne le gouvernement ou le ministère de l’enseignement secondaire dans manquement car, qu’il vous souvienne qu’au tout début de cette année scolaire, les autorités gouvernementales pour ne pas dire du ministère de l’enseignement secondaire ont pris sur eux la décision de s’occuper exclusivement de la confection des cartes d’identité scolaire à tous les élèves du Bénin. Un genre de centralisation nuisible aujourd’hui. Un retour sur les lieux de ce qu’on peut appeler crime, montre un tableau lugubre avec la moitié des élèves béninois sans cartes d’identité scolaire jusqu’à la fin de l’année. Pour sauver la mise, les directeurs d’établissement furent contraints de pallier au plus pressé en donnant à leur candidats dans cette situation de détresse des cartes d’identité scolaire de fortune, alors que les autorités ministérielles leur avaient déjà arracher cette prérogative.
Alors, il est temps que ceux qui ont reçu le mirobolant marché de confection de cartes d’identité scolaire à tous les élèves du public au Bénin viennent se justifier devant les Béninois, surtout que tous les élèves ont payé. Où est donc passé l’argent si le travail n’est pas fait ?

2-De l’augmentation des primes des PP et AE.

L’amateurisme au sommet. Le 31 mars 2017, par une décision (arrêté ministériel) à bras raccourcis, le ministre Lucien Kocou a décidé de l’augmentation des primes des Professeurs principaux (PP) et des Animateurs d’établissement (AE). En effet, de 10.000 fcfa, les PP sont passés à 15.000 ; et de 20.000 fcfa,  les AE sont passés à 30.000. On était en mars, soit six mois après la rentrée et trois mois de la fin de l’année scolaire. Quelle gestion ? A première vue, c’est avec sourire jusqu’aux oreilles que les enseignants ont reçu cette décision surtout qu’ils n’ont et ne seront jamais payés à la hauteur de leur mission si sacerdotale.
En effet, sous d’autres cieux, toutes décisions déclenchent un arsenal de mesures d’accompagnement. Mais ici, non. Et le ministre Kocou est dans cette logique. Véritable casse-tête pour les directeurs d’établissement. Eux qui depuis Octobre ont voté le budget de leur établissement, se demandent à quel saint se vouer pour assumer le nouveau dépassement financier qu’entraînent une si hasardeuse décision de leur ministre de tutelle. Il faut alors tourner le regard vers un collectif budgétaire avec un Ca comme recours. Ce qui est d’ailleurs impossible, vu que les parents d’élèves ne veulent pas l’entendre de cette oreille et l’Etat qui adopte une position rigide. C’est dans ces conditions que l’année scolaire écoulée fut gérée et par le ministre Kocou et par les directeurs qui, visiblement devrait voir leur calvitie prendre de l’ampleur.

3-Des mutations et suspensions du recrutement des vacataires.

De sources proches de la direction des établissements et surtout des censorats, les mutations ou affectations ont eu lieu toute l’année scolaire, toute chose qui a perturbé sérieusement l’organisation interne des censorats, contrebalancés au gré des décisions ministérielles. Comment un censeur peut-il être efficace s’il doit recevoir des enseignants à positionner toute une année scolaire ? Façonner l’emploi du temps et le revoir chaque fois que des enseignants sont mutés dans les deux sens. Et comme si cela ne suffisait pas, par arrêté N°655/MESFTP/DC/SGM/DESG/SA du 13 juillet 2017, le ministre de l’enseignement secondaire suspend « toutes action » s’inscrivant dans le cadre du recrutement de vacataires, et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Et de sources bien introduites, un lourd dispositif est en train de prendre corps pour recruter en réalité des vacataires à mettre à la disposition des établissements publics depuis les instances ministérielles. Visiblement une manière d’arracher aux responsables des lycées et collèges publics le recrutement des vacataires dont le coût, selon certaines sources, serait passé de trois à plus d’une dizaine de milliards cette année scolaire.
Enfin, le risque pour le ministre Lucien Kocou dans cette initiative est qu’il mettra à la disposition des censeurs de pseudo-enseignants comme dans le cas du Volontariat sous Yayi où des responsables d’établissement avaient sous la main de faux enseignants politiquement positionnés et qui ne servent à rien. Et quand on sait que les vacataires sont souvent deux ou trois fois plus nombreux que les professeurs titulaires dans les collèges publics, le risque d’une année scolaire 2017-2018 bâclée est fort. Ne pas associer les censeurs et leur envoyer de faux enseignants sans formation juste pour satisfaire des partisans politiques, se fera sentir à la fin de l’année scolaire surtout au moment des résultats (Bepc, Bac).
La fameuse décision

Cette hasardeuse décision sans une préalable concertation avec les responsables d’établissement et surtout les directeurs d’études (censeurs) est une belle boîte de pandore ouverte par le ministre Lucien Kocou et son cabinet qui auront la responsabilité de tout ce qui adviendrait. Un véritable bourbier pour le ministre de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle.

(Affaire à suivre)

Victor Nongni
L’Aigle Solitaire

97877589/95596959
vnongni@yahoo.fr


Les élèves réclament toujours leurs cartes d’identité scolaire, monsieur le ministre. Et un soulèvement populaire se prépare.

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